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Affichage des articles du juin, 2017

Cent onze parfums

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C’est en me promenant dans les rues d’Angers que je suis tombée par un heureux hasard – la fameuse sérendipité – sur un livre qui trônait dans une jolie vitrine :  Les cent onze parfums qu’il faut sentir avant de mourir (1) . Amatrice de parfums et de senteurs fines (le thé n’est jamais loin), j’ai voulu feuilleter l’ouvrage, le sentir… et je fus bien inspirée ! Cet ouvrage est une petite merveille. L’objet lui-même est beau : le papier est doux au toucher, les illustrations des flacons sont épurées, les couleurs fidèles aux originaux, les textes agréablement disposés sur les pages, l’organisation du propos extrêmement claire. Note de tête fraîche et réussie ! Les cent onze flacons vus du ciel (Ibid. p. 1) Venons-en au cœur : certes nous avons tous des réminiscences olfactives et les odeurs sont porteuses d’émotions, surtout quand elles nous renvoient à notre enfance, mais chacun sait combien il est difficile de décrire une odeur… les mots nous échappent parce qu

Un Lapsang Souchong à FUERTEVENTURA

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L’air est particulièrement pur à Fuerteventura – île canarienne à quelques dizaines de miles seulement du Sahara occidental – sauf les jours de calima, quand le vent d’est souffle des morceaux de désert par-delà l’océan et voile l’horizon d’un fin rideau de sable.   Sables de Fuerteventura - ©levaporettoblogue.blogspot.com Ce matin-là le calima s’était calmé, l’air était transparent. De la grande terrasse de la maison aux allures d’hacienda mexicaine posée sur le champ de roche volcanique noire, je voyais au loin le village de La Oliva, ses petites maisons blanches et cubiques. Juste devant moi un jardin de cactus et d’euphorbes et, derrière, la colline ocre d’un cratère.  Cratère et champ de lave (La Oliva, Fuerteventura) - ©levaporettoblogue.blogspot.com C’est le petit matin – il fait presque froid, nous sommes en janvier. Les feuilles du Lapsang souchong que j’ai jetées dans ma théière de fonte sont mates et noires, telles du charbon de bois. Y a

Les herbes folles

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Un calme parfait sur un oreiller d’herbe loin de ma cabane Haïku du moine zen Ryôkan (Tr. Joan Titus-Carmel) Herbes folles de printemps, Pointe des Poulains, Belle-Ile-en-mer, 2017 ©levaporettoblogue.blogspot.com   « S’attacher aux petites choses, c’est parfois révéler le charme et la beauté qui nous entourent. Les graminées sauvages sont des plantes communes, si discrètes qu’elles en deviennent presque invisibles. Elles sont si proches que les découvrir est à la portée de chacun, à la seule condition de prendre le temps de s’arrêter, d’observer, pour en saisir toute la poésie. Nul besoin de s’envoler pour contempler du ciel une inaccessible planète, nulle nécessité d’un équipement sophistiqué pour percevoir l’infiniment petit, il suffit de se pencher pour admirer ces beaux brins qui forcent jusqu’au bitume de nos villes. » Pierre Idiard, Herbes folles, beauté des graminées sauvages , Paris, Flammarion, 2002 Lagurus Ovatus de printemps,

Uluru, au coeur du Red Centre

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Le nom d’« OulouRRou », avec son R roulé, coule dans la bouche comme un torrent doux. Et pourtant c’est au cœur du Red Centre – la toponymie australienne est souvent rude et puissante – dans le désert hostile et paradoxal du centre du continent qui voit la pluie donner naissance à une riche végétation, que se trouve Uluru, le « Rock », haut-lieu naturel de l’Australie, «  must see  » touristique au même titre que l’opéra de Sydney.    Arbres du désert australien ©levaporettoblogue.blogspot.com Géologiquement parlant Uluru est un inselberg soit une « montagne-île » dont on ne voit que la partie émergée, un bloc de grès monolithique aux couleurs changeantes, une pierre à l’échelle des géants datant de l’origine du monde, du « temps du rêve » ( dreamtime ), traduction maladroite car impossible d’un concept issu de la spiritualité aborigène. Le « temps du rêve » renvoie à une « dimension dans laquelle les Tjuritja, les ancêtres, créatures mythiques, mi-anima