Un thé Bao Zhong à AKAROA - Péninsule de Banks, Ile du Sud, Nouvelle-Zélande, Océanie


Du balcon de la maison de bois qui surplombe la baie d’Akaroa, je me laisse porter par le mouvement silencieux des voiliers blancs qui tracent de fins sillons sur les eaux lactées du Pacifique.
C’est le matin, l’air est pur et bleu, si calme que les oiseaux emplissent l’espace du bruit des battements de leurs ailes et de leurs étonnantes mélodies. 
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Eaux céladon de la baie d'Akaroa
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Le contraste entre la végétation opulente et verdoyante de la colline – harmonieuse palette de verts : émeraude, jade, menthe, sauge, mousse… piquée ici et là de rose, de jaune ou de blanc – et le bleu céladon des eaux étales sous le bleu clair et frais du ciel, dessine un patchwork naturel qui m’invite à préparer avec délicatesse une tasse de thé Bao Zhong (thé taïwanais de la famille des thés Oolongs, nommés aussi « bleu-vert »). 
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Bleu-vert d'Akaroa
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Dans le petit musée foisonnant de la voisine baie d’Okain, j’ai pris en photo des sacs et des boîtes de thé, témoins de la forte consommation de cette boisson en Nouvelle-Zélande depuis au moins 200 ans. Le caractère de ces thés noirs, importés essentiellement des plantations des colonies de l’empire britannique au Sri-Lanka (ex-Ceylan) et en Inde, était certainement aux antipodes de mon subtil Bao Zhong : les Anglo-saxons de Nouvelle-Zélande buvaient des thés noirs boisés et épicés, corsés, astringents, à la liqueur acajou. Une boisson exotique et revigorante qui allait de pair avec l’esprit pionnier, conquérant et britannique de ces immigrés venus d’Europe, une boisson forte, à la fois rapeuse et veloutée, comme leur vie d’aventures. Une boisson qui tranchait avec la douceur de la nature qui s’étend ce matin devant moi dans la baie d’Akaroa ; tout comme les couleurs des paquets de thé en papier épais ou la dureté du bois et du métal des boîtes tranchaient avec la délicatesse des fleurs de la baie, ses eaux soyeuses et les chants aériens de ses oiseaux.

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Thés d'antan, musée de la baie d'Okain 
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Je mets donc dans ma tasse une poignée de longues feuilles vert sombre de Bao Zhong, je les arrose d’eau chaude et je regarde le liquide se colorer au fur et à mesure que se diffuse dans l’eau le parfum du thé de Taïwan.  Je mets de côté les feuilles infusées et  plonge mon nez dans la vapeur qui s’en échappe : somptueuse odeur végétale, à la fois fraîche et lactée – note vanillée – comme l’odeur des genêts des collines de la baie. Étonnante harmonie aussi entre la couleur dorée de la liqueur de mon thé et le jaune d’or des massifs de genêts ; entre la saveur miellée du thé et l’odeur de la fleur, encore. 
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Genêts en fleur, péninsule de Banks 
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Mais il y a plus encore : fragrances d’herbes fraîches et folles, bouquet floral mêlant rose, jacinthe et chèvrefeuille, pétillante note poivrée ; onctuosité portée par une élégante astringence et une fine amertume ; mélodies légères et ascendantes.

Un oiseau s’est posé devant moi. C’est un tui. Nous nous regardons. Un rayon de soleil éclaire le camaïeu vert-bleu de ses ailes irisées. Quand il s’envole j’aperçois un reflet doré. Au loin, la tranquillité de l’eau. Mon thé et le monde ne font qu’un. 
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Le vol bleu du Tui 
http://nzbirdsonline.org.nz/species/tui



Article sur l'histoire du thé en Nouvelle-Zélande : https://www.nzgeo.com/stories/time-for-tea/