VANCOUVER



Vancouver, ville de verre

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Vancouver
Latitude : 49°14′58″ Nord
Longitude : 123°07′09″ Ouest

Côte pacifique
Erables rougeoyants
Totems, jadis, Potlatchs
Vol de l’aigle à tête blanche
Tlingits, Haïdas, Kwakwaka’wakws, Salish, Kootenays, Nootkas…

 1778
Année sombre
Cook a posé un pied sur la terre d’une île
Il a planté le drapeau de la couronne britannique
Puis ils ont renommé les fleuves, les montagnes, les vallées
Les ont vidés de leurs esprits

Vancouver 2017
British Columbia
Tissage de métal et de béton
Sur les terres des peuples premiers
Forêt d’arbres de verre opaques
Ville parfaite, lisse et sans odeurs
Les fleurs sont délavées
Les masques des Indiens rangés dans les musées
Les langues enregistrées

Masque autochtone (Museum of anthropology)

Melting pot fondu dans la marmite à dollars
Chinatown
Filles lipstick
Garçons aimables
Tant que coule la pale ale
Qu'abondent burgers et sushis mayo
Sourires de pigments
Teints de silicone
Dents peroxydées
Tips, bills, cash allument les regards
Fréquences des voix trop polies
Mélasse et huile
Guenilles et puanteur au détour des buildings de lumière
Poudre blanche, corps désarticulés, malades d’exclusion

Un homme est couché sur le trottoir
Une femme charrie une montagne de plastique
Sirènes de police
Jurons et formules de politesse se mélangent dans les bouches froides

Vancouver
Autel du capitalisme
Tes sacrifices insensés
N’auront jamais raison du vol de l’aigle à tête blanche
Du pas de l’ours sur la neige intacte




Références
Encyclopédie canadienne
http://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/autochtones-la-cote-nord-ouest/

Museum of Anthropology (Vancouver)
http://moa.ubc.ca/


Je voudrais ici rendre hommage au poète de la négritude, Léopold Sédar Senghor, dont le poème New York a résonné en moi quand je marchais dans les rues de Vancouver. En voici un extrait.


A New York (Ethiopiques, 1956)

New York ! D'abord j'ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d'or aux jambes longues.
Si timide d'abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre
Si timide. Et l'angoisse au fond des rues à gratte-ciel
Levant des yeux de chouette parmi l'éclipse du soleil.
Sulfureuse ta lumière et les fûts livides, dont les têtes foudroient le ciel
Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d'acier et leur peau patinée de pierres.
Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan
– C'est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar
Quinze jours sans un puits ni pâturage, tous les oiseaux de l'air
Tombant soudain et morts sous les hautes cendres des terrasses.
Pas un rire d'enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche
Pas un sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni odeur.
Pas un mot tendre en l'absence de lèvres, rien que des cœurs artificiels payés en monnaie forte
Et pas un livre où lire la sagesse. La palette du peintre fleurit des cristaux de corail.
Nuits d'insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides
Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d'enfants.

(…)