Volé à la nuit



Une nuit de septembre, sur une colline d’Ombrie aux accents étrusques, j’ai volé un baiser au ciel, quelques heures avant les premiers rayons de l’automne boréal.

Détail d'une fresque de Giotto, chapelle Scrovegni, Padoue, 1305

Le voile des nuages dansait devant l’éclatante lumière de la lune ascendante ; aquarelle mouvante aux nuances d’encre de Chine mêlée de cobalt, plus splendide que les fresques cloutées d’or de Giotto, plus bleue que les scarabées lapis lazuli des pharaons, aussi fascinante que les marines des abysses. 

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Vers l’horizon sud, scintillait l’éclat cuivré de mars sur les toits endormis. L’ambre des yeux d’un chat traversa le chant des insectes de la nuit. Sauge, romarin, menthe, lavande, citronnelle et raisin violet sombre, trop mûr déjà, exhalaient leurs arômes. La nature libérée du soleil, respirait la fraîcheur de l’obscurité bienfaisante.  

Lune d'Ombrie, 21 septembre 2018, ©levaporettoblogue.blogspot.com

Loin des sabliers de verre et des montres à complications, j’ai volé un baiser au temps, dérobé une caresse à la nuit, saisi le ciel dans les iris de mes yeux pour le relâcher aussitôt comme un vol de lucioles, ce soir de fin d’été.