Thé infini - Mots et images


Il y a quelques mois, j’avais écrit un petit texte sur l’infini du thé. J’ai eu envie de le reprendre, de le mettre en miroir avec des images. J’aime l’image quand elle n’est pas une illustration mais quand elle entre en résonance avec des mots. Le dialogue entre le texte et l’image fait alors apparaître de nouveaux sens. 

Stéphane Barbéry, Offrir l'invisible

Il est si difficile de condenser en quelques lignes le pouvoir d’une poignée de feuilles de thé arrosée d’eau chauffée. Derrière l’apparence du rien elle abrite le tout. Et, si l’on y est sensible, c’est le surgissement de la beauté subtile du monde que la dégustation de thé rend possible.

Si l’on prend le temps nécessaire, celui du déploiement de la feuille au contact de l'eau de source ; de la lente diffusion des arômes ; de la fusion du liquide, de la couleur et de la matière, alors c’est le tableau mouvant des nuances de la nature et de la vie que nous pouvons y apercevoir.

Chu Teh Chun, Composition à fond rouge, 1979

J’en ai passé des heures dans/à la Recherche du temps perdu, dans cette cathédrale littéraire, et Marcel Proust aussi aimait s'attarder sur les détails, regarder les chatoiements des infusions sombres :  
« Comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même […] tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé. »  Marcel Proust, Du côté de chez Swann, GF Flammarion, Paris, 1987 (1ère éd. 1913), p. 145.

Stéphane Barbéry, Cérémonie du thé

Références :
J’admire les œuvres de ces deux artistes qui illustrent chacun à leur manière la voie du thé :