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        © Jupiter


Penser au lieu de dé-penser

Il y a trois ans exactement, j’ai changé de vie, bouleversé ma « vie d’avant », celle qui aurait pu être la mienne jusqu’à l’âge de la « retraite ». Par choix et non par obligation. Sauter dans le vide. Ce n’est pas chose aisée, surtout quand rien ne nous y oblige. S’extraire du confort matériel et de l’inconfort  psychologique de la « vie moderne » (l’infernal cycle du toujours plus, toujours plus vite, plus le temps de penser, de regarder la nature, de respirer de l’air pur… car le temps des réunions, des chiffres, des bilans, des « power point », des échéances, des colloques, des agendas, des calendriers, des médailles, des récompenses, des guerres et des traités, des gens pressés, ce temps n’attend pas). 

Cesser de compter et d’empiler les actes vides, les discours creux.

Penser au lieu de dé-penser. 
Ouvrir une porte dont on ne sait pas ce qui ce cache derrière, avec le sentiment que si l’on ne l’ouvre pas maintenant elle se fermera à jamais, qu’on ne pourra plus savoir si derrière il y avait de la lumière ou de l’obscurité, ou les deux, ou autre chose. 

Cette impression, cela faisait si longtemps qu’elle était là, latente. Dans l’attente. Cette impression que la vie est un immense labyrinthe dont les milliers de portes s’ouvrent et se ferment en permanence pour tracer notre itinéraire, et ce, par l’effet du hasard, de la volonté, de la décision même, mais aussi de la sérendipité. 


L'art de la décision

Il y en a eu beaucoup des sources de questionnement, de doute et d’inspiration. Dans la « vraie vie » mais aussi à travers des œuvres de fiction, romans et films. Des histoires qui racontent des changements de vie, des routes déviées, des décisions radicales (je viens de terminer L’Homme qui voulait vivre se vie de Douglas Kennedy). Comment donner du sens à ce que l’on fait, donner une cohérence entre les pensées et les actes, comment ne pas se contredire en permanence, cesser de rêver d’une vie autre en laissant passer la sienne ? C’est un sujet inépuisable car je crois qu’il nous traverse tous un jour ou l’autre. J’ai toujours admiré les personnes ou les personnages qui vont au bout de leurs idées, qui ne se laissent enfermer ni dans des rôles qu’on veut leur assigner ni dans des vies confortables et hypocrites, qui ne se laissent pas aveugler par les apparences et les miroirs aux alouettes, qui agissent au lieu de bovaryser (oui, ce mot est rentré dans le Grand Robert en 2013) . Célèbres ou non, fictifs ou réels, ces destins pris en main m’inspirent et me nourrissent. 
Il y a eu aussi ce texte court mais si parlant du philosophe Charles Pépin, sur la décision ou plutôt L’art de la décision… car au fond, il y a toujours une marge de manœuvre.