Sérendipité : les voies heureuses du hasard



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  Un jour, par hasard, en Angleterre, je suis tombée sur ce mot : « serendipity ». J’ai aimé sa sonorité étrange, la musique de ses cinq syllabes que je ne pouvais raccrocher à aucune étymologie évidente. Sérénité ? Pitié ? Serenity ? Pity ? Alors je me suis documentée (à l’époque, les ordinateurs n’avaient pas encore tout envahi, et je suis allée à la bibliothèque ouvrir un gros dictionnaire qui sentait bon le vieux papier). 

La rencontre fut bouleversante. J’avais trouvé, sans le chercher, un mot qui correspondait parfaitement à ce que tant de fois j’avais vécu, en particulier dans les bibliothèques, mais au fond, partout, tout le temps, si l’on voulait bien ouvrir les yeux : la « serendipity » était ce hasard heureux qui vous faisait découvrir ce que vous ne cherchiez pas, enfin pas consciemment. 
On a beau élaborer des projets, griffonner des agendas très sérieux, planifier l’avenir – proche et lointain –, étudier les hypothèses de ce qui adviendra ou non, l’expérience montre que cela ne se passe jamais comme prévu, pensé, imaginé. Alors, au lieu de tirer des plans sur la comète ou de construire des châteaux en Espagne, pourquoi ne pas laisser aussi une place aux hasards heureux qui, malgré le chemin tracé, nous mènent ailleurs avec bonheur ? 
Je ne parle pas que du « bonheur » au sens de félicité béate (même si cela existe et tant mieux), mais aussi du bonheur de la découverte, qui vient d’une façon ou d’une autre bouleverser nos sens et parfois nous émouvoir au plus profond. 
Pas la peine de parcourir la terre entière pour faire l’expérience de la sérendipité, cela commence ici et maintenant.
La sérendipité c’est ce à quoi on ne s’attend pas et qui vient nous ravir et ravir nos certitudes. N’est-ce pas, finalement, une autre définition de la vie ? 
Postscriptum : le mot « sérendipité », mot voyageur importé de l’anglais, ne figure pas dans tous les dictionnaires de la langue française et, au moment où j’écris, il se voit corrigé par mon logiciel, alors qu’il existe bel et bien.

Elargir la langue, c’est aussi élargir le réel.